Lionel martinez a écrit : ↑mer. 25 janv. 2023 23:42
Je confirme que ce sont bien les charges d'infanterie qui m'intéressent.
Merci à toi.
Je reformule une fois encore en espérant rendre la question plus claire.
Combien de régiments peuvent défendre le front d'un hex de 200-250m ?
Combien de régiments peuvent charger à partir d'un hex de 200-250m en une heure de temps ?
Est-ce qu'un régiment mis en déroute ou stoppé par le feu ennemi empêcherait les charges des autres régiments ?
Réponse pas évidente.
D'une part parce qu'il y a le règlement et la réalité. La réalité du terrain (la topographie qui peut empêcher la manoeuvre de se dérouler comme le règlement le prévoit). Et également la réalité des effectifs, les régiments/bataillons étant rarement à effectif plein lorsque le jour de la bataille arrive, après quelques semaines/mois de campagne. Or de ces effectifs réellement présents dépendent la largeur/profondeur de déploiement des unités.
D'autre part parce que le règlement a changé pendant la période.
En outre l'organisation interne des unités a aussi été modifiée, en particulier celle du bataillon. Ainsi avant 1808 un bataillon a 8 pelotons (c'est à dire compagnies) à 123 hommes; après 1808, il a 6 compagnies à 140 hommes.
Je vais quand même me mouiller (un peu)
- question 1: 1 ou 2 (typiquement l'un derrière l'autre)
- question 2: ça dépend... s'ils sont en bataillon en colonnes par division, 2. En une heure, d'autres peuvent arriver derrière, cela dépend des intervalles.
- question 3: impossible à dire, cela dépend énormément de l'organisation de l'attaque par la division/brigade à laquelle appartient le régiment
S. Béraud donne un dans son (excellent) dernier bouquin un exemple très intéressant sur l'attaque du Pratzen par la division Vandamme (repris de l'étude du capitaine Colin).
Cette division a 3 brigades, la 1ère avec un seul régiment (24è Léger) et les deux autres avec deux régiments, respectivement 4è et 28è de Ligne pour la 2ème, 57è et 46è de Ligne pour la 3ème. Un peu plus loin à droite se trouve une autre brigade détachée mise à la disposition de Vandamme.
Selon l'analyse de Colin, les bataillons attaquent "en colonne de bataillon par division à distance de pelotons", c'est à dire avec un front d'une division, c'est à dire deux compagnies (ou pelotons selon les termes de l'époque).
La 1ere brigade avec son seul régiment est en tête avec ses deux bataillons "accolés" c'est à dire l'un à côté de l'autre. Chaque bataillon occupant un front d'environ 45/50 mètres, cela fait donc 90/100 mètres pour ce régiment, en réalité plus car il y avait manifestement un assez large espace entre les deux bataillons (peut-être pour l'artillerie divisionnaire?). Je dirais à la louche environ 150 mètres. Ceci dit, le 24è, qui est un régiment léger, est surtout là pour harasser et ramollir l'adversaire avec le feu de ses tirailleurs, pas nécessairement pour attaquer en colonne.
Derrière viennent les 2 autres brigades, la 2ème à gauche et débordant la 1ère sur la gauche, la 3ème à droite et débordant la 1ère sur la droite. Pour chaque brigade, les bataillons sont "échelonnés" (c'est à dire l'un derrière l'autre), le 1er devant, le 2nd derrière. Autrement dit les régiments sont "accolés" avec un front d'environ 45/50 mètres pour chacun. Mais là encore il y a des intervalles et le front de ces deux brigades est à peu près le même que celui de la 1ère brigade et de son unique régiment. Par contre elles ont évidement plus de profondeur ce qui est l'idée afin d'obtenir le choc.
La division Vandamme présente donc trois lignes de bataillons, avec les deux bataillons du 24è Léger sur la première, les 1er bataillons des quatre régiments de ligne sur la seconde et les 2ème bataillons des quatre régiments de ligne sur la troisième.
Si le 24è Léger, qui est seul devant, est repoussé/part en déroute, il va probablement bloquer les 4 régiments qui sont derrière, au moins les deux juste derrière lui. Si c'est le 4ème de Ligne, qui en tant que 1er régiment de la 2ème brigade est derrière et complètement à gauche, il n'impactera certainement pas les 3 autres régiments à sa droite (et encore moins le 24è Léger devant). C'est d'ailleurs ce qui s'est passé lorsque ce régiment a encaissé la contre-attaque de la garde impériale russe.
Je ne sais pas si c'est très clair...
Raisonner en terme de régiment ne me semble pas si évident. Dès 1805, l'unité tactique devient la division qui ajuste la disposition de ses brigades/régiments/bataillons au mieux selon les circonstances et ça peut donner des choses très différentes au niveau des régiments.