Bonjour,
je prends le train en marche, avec un peu de retard à cause de problèmes de connexion. Au risque d'enfoncer des portes ouvertes, je t'inviterai à bien faire attention à la date et au lieu de chaque engagement. Les armes, les armures, les mentalités (et donc les tactiques) peuvent varier fortement d'un scénario à l'autre. Les fléaux d'armes passent pour avoir été rares en France mais relativement populaires en Allemagne par exemple. A noter d'ailleurs que notre connaissance des armements et techniques de combat médiévaux est d'autant plus imparfaite, fragmentaire et aléatoire qu'on remonte dans le temps : les plus anciens traités d'escrime remontent à la fin du XVème siècle et on ne peut qu'extrapoler, imaginer ce qui se passait dans les époques précédentes.
La majorité des affrontements dans la société féodale impliquent de petits groupes de combattants qui effectuent une sortie qui n'est souvent pas très éloignée d'un tournoi improvisé. Classiquement, les chevaliers mènent le combat, les gens de pied formant un carré défensif derrière lequel les cavaliers viennent s'abriter entre deux assauts. Le but de ses 'chevauchées' est de montrer son courage, s'amuser et s'enrichir en faisant des captifs qui seront rançonnés. Tuer un adversaire est donc un non sens économique (puisque cela prive le combattant victorieux d'une rançon) mais aussi social car les chevaliers forment un petit monde. L'adversaire est bien souvent un cousin, un beau-frère, un ami, etc., et tuer même un inconnu expose le tueur à des représailles de la part des proches de la victime. Dans "Le dimanche de Bouvines" (sauf erreur de ma part) Georges Duby raconte l'histoire d'une bande de chevaliers qui, après avoir tué accidentellement un adversaire (il est tombé de cheval), se sont précipités chez sa veuve pour réparer leur faute et obtenir son pardon. Bien entendu, il est des circonstances où les combattants de ne sont pas de quartier (croisades, inimitiés personnelles, etc.), mais celles-ci restent rares. La volonté de ne pas tuer l'adversaire associée au peu d'efficacité des armes par rapport aux armures rend le champs de bataille étonnamment peu sanglant. Toujours d'après G Duby (et toujours sauf erreur de ma part) il n'y eu à Bouvines que très peu de chevaliers tués, pour la plupart lors de chutes de cheval. Bien entendu, ce schémas ne vaut qu'entre gens de même monde. Les gens de pied, mal protégés et ne présentant aucun intérêt moral ou économique ne sont pas épargnés par les chevaliers contraints d'aller les combattre. Pareillement, un chevalier tombant au main de soldats risque de ne pas être traité de façon très chevaleresque. A Bouvines, c'est la qualité de son armure et l'intervention rapide de ses proches qui a sauvé Philippe Auguste, désarçonné par des soldats ennemis.
Pour finir, j'insisterai sur le chaos qui règne pendant un combat, et plus encore sur un champs de bataille. Les combattants ont à mon humble avis rarement le choix de leur attaque et frappent où ils le peuvent (tête, épaule, bras, ...) de la façon qu'ils peuvent (taille, estoc) en fonction des opportunités qui s'offrent à eux.
_________________ Je dis des choses tellement intelligentes que le plus souvent, je ne comprends pas ce que je dis.
Dans la marine, il faut saluer tout ce qui bouge, et peindre le reste
(devises Shadock)
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