Le 17 Septembre 1806A 9 heures, après une nouvelle nuit très agitée, Napoléon ouvre les yeux. Il va bien, ses douleurs ont disparues, il parcourt d'un œil rapide, les dernières dépêches. L'inévitable message du fidèle Augereau tout d'abord qui lui apprend qu'une division ennemie est à Neustadt(Mittel) avec 3600 fantassins, 7200 cavaliers et 55 canons en mouvement vers le Sud-Est mais, surtout, un message de Soult arrivé trois heures plus tôt depuis Arnstädt qui annonce la belle victoire remportée à Erfurt et son mouvement en cours vers Rudolstatd puis Kahla malgré des unités fatiguées à 20%.
Napoléon fronce les sourcils, parcourt ses notes sur les forces présents sur place quand on lui remet un message de Grouchy
[...]Difficile de définir clairement les pertes occasionnés à l’ennemi … je pense que le corps de Ruchel est en piteux état et Brunswick légèrement touché …
De notre coté, l’ensemble de nos corps sont en excellent état avec un excellent moral. Cependant, plus aucun ravitaillement ne nous parvient … j’ai encore des stocks mais une longue bataille risquerait de nous mettre à mal.
En ce qui concerne nos positions, après une grosse attaque conjointe entre Gotha et Erfurt, Soult est désormais parti vers Arnstadt en direction de Rudolstadt pour vous soutenir (nous étions inquiet …). Lannes et Davout sont à Erfurt, à attendre la réparation des ponts, pour poursuivre l’ennemi sur Weimar (il y a 25 000 prussiens actuellement devant Weimar)
Pour ma part, je détruis les unités en fuite des prussiens autour de Erfurt (pas très glorieux …) en attendant que la route de Weimar soit ouverte.
Si je puis me permettre, avec la pression que nous avons créé au Nord, vous devriez maintenant foncer sur le prussien (Soult vous rejoint) pour que nous puissions éradiquer les troupes prussiennes, prisent dans une tenaille !!Napoléon se prend le menton et pense en lui-même
Mon dépôt est à 150 kilomètres de toutes les unités (sauf la Garde et Ney), la manœuvre de contournement par la droite prussienne aurait pu fonctionner, si j'avais une ligne de communication pour permettre cette avance, ce qui n'est pas le cas.
Je dois donc gérer 2 problèmes, le premier la distance très grande entre les 2 ailes et ensuite le manque de munitions (pour la nourriture ils se débrouillent) que l'aile gauche ne va peut-être pas tarder à avoir . Cela c'est pas grave si on l'a prévu...
Les pertes de l'ennemi sont au minimum de 5100 fantassins et 7300 cavaliers (d'après les rapports que je possède
), ce qui n'est pas mal, mais pas suffisant.
Lannes pense que Soult (Oudinot) poursuit l'ennemi et Soult pense que Lannes poursuit l'ennemi ! Le manque de cohésion est flagrant, le manque d'informations que j'ai, aussi. Maudits maux de ventre, sans eux, j'aurai été plus directement présent sur le terrain !
De plus les positions de la garde, cavalerie à Neustadt, infanterie et artillerie au carrefour Bamberg-Kronach et le supposé commandant de tout ça, j'ai nommé Bessières à Cobourg !
Mon objectif étant de ne pas perdre de divisions, et de prendre Leipzig au mieux.
Le maréchal Augereau est à Hof, il indique dans sa dernière lettre que l'ennemi se trouve en force (23600 fantassins, 7200 cavaliers et 55 canons) en direction de Schleiz. Je vais prendre cette force en étau avec la Garde, le corps du maréchal Augereau, celui de Bernadotte et de Ney.- Berthier ! Faites venir les greffiers, et réveillez moi les aides de camps, la sieste est finie !
Berthier sourit, enfin, celui dont il n'a jamais douté qu'il est le meilleur stratège de son temps est de nouveau lui-même. Des ordres détaillées fusent, en voici un très grossier résumé
Napoléon et sa garde partent pour Kronach.
Augereau avance sur Schleiz, Bernadotte sur Pösneck
Les unités basées à Erfurt doivent se reposer avec une avance limitée vers Weimar.
En fait, l'empereur surestime la menace que représente encore la Prusse. Alors qu'aucune division française sur 31 n'est encore partie en déroute, c'est déjà le cas de 7 divisions prussiennes sur 14. De plus, Grouchy exagère les pertes en matériel (munitions). Grâce à tout ce qui a été récupéré sur les prussiens en déroute à Erfurt, ses troupes sont encore à 50% de leur capacité ce qui est bien. Quand à la nourriture, on fourrage bien en Prusse et il n'y a donc pas de problème de ce coté là.
En comparaison, le corps de Ruchel qui vient de perdre toute sa cavalerie pour soutenir sa retraite jusqu'à Weimar, ne dépasse pas les zéros de ravitaillement et de munitions !
Les troupes du Duc de Brunswick ne valent guère mieux, de fait, seule la division de réserve du général Kuhneim est en état de défendre Weimar. Ses 11000 hommes ne pourraient pas faire grand chose contre un assaut en règle de trois corps français !
Le commandant en chef prussien a bien conscience de la situation et en appelle à l'aide au prince Hohenlohe et au lieutenant-général Blücher :
Cher Lieutenant-Général,
Nous avons beaucoup à perdre à laisser Weimar à l'ennemi pour les raisons suivantes:
-Weimar est un hôpital militaire dans lequel nous avons encore des blessés de deux divisions en convalescence.
-laissez Weimar c'est laisser l'accès à l'ennemi à la route de Naumbourg ou se situe notre nouveau dépôt assurant un ravitaillement rapide sur nos lignes.
[…]
Pouvez-vous désengagez la saxe et remonter vers le nord par rudolstat ?
Mais Blücher est déjà fort engagé justement à la bataille de Kahla qui a repris au lever du soleil. Le Prussien aligne deux divisions pour un total d'environ 19000 fantassins et 4000 cavaliers contre trois divisions du corps de Davout pour 18000 fantassins et 2000 cavaliers. Un combat presque équilibré sauf que les français sont un peu plus expérimentés et que Davout n'hésite pas à donner de sa personne en conduisant ses troupes au front tandis que Blücher préfère conduire la bataille à la longue-vue, bien à l’abri d'une balle perdue. Au bout de huit heures de combat, personne n'emporte le champ de bataille mais avec un avantage français qui a perdu 1000 hommes contre presque le double coté prussien, surtout, la division prussienne du général Wartenselem part en déroute.
Une fois de plus, c'est vers le prince Hohenlohe que se tourne tous les espoirs.
Mon cher Prince,
mes unités se regroupent pour faire face à l'ennemi à Kahla.
La division Saxe est restée au Nord est de Saafeld pour couvrir mes arrières.
Vous faites mouvement dans ma direction et j'attends de vos nouvelles au plus vite.
Peut-être serait-il sage que l'une de vos divisions couvre notre dispositif vers Schleitz ?
BluchLe « sauveur » prussien (?) qui, a pour l'instant passé toute sa campagne à marcher de Mittel à Leipzig aller et retour, revient en fin de journée à Neustadt(Mittel) . Ses troupes sont au même niveau de fatigue que les français d'Erfurt (environ 20%) mais ne pouvant fourrager, son ravitaillement est à 20%. Il a repéré les troupes d'Augereau à Hof et s'en inquiète à juste titre ainsi que la la cavalerie de la garde française arrivée depuis peu à Kronach. On imagine que le prince a dû mal dormir cette nuit dans l'auberge de Mittel où il ne s'arrêtera d'ailleurs que quelques heures avant de repartir pour Neustadt(Mittel).